Perdu pas loin

de Sarah Fourage

Synopsis

Freddy, le grand frère de Chaf, s’est enfermé dans le silence depuis le printemps. Il est comme pétrifié, paralysé... Chaf et Rémi, les inséparables collégiens ne comprennent pas la situation... Il y a peu de temps, Freddy riait encore de leurs blagues, de leurs clowneries, de leurs regards sur le monde. Leur mission est donc de le faire parler à nouveau. Qu’il réagisse, qu’il soit « normal », un grand frère comme les autres, « vivant ! ». Ils essaient de lui faire rencontrer des filles grâce au moyen d’internet, profil minutieux, double click mais échec assuré... Même leurs rimes, leurs jeux de mime et leurs psychologies de cours d’école ne dégonflent pas la bulle dans laquelle s’asphyxie Freddy...
Les deux coachs s’impatientent, se disputent, frustrés de ne pas dénouer la situation. Ils interrogent du même coup leur amitié, leur lien, ce mimétisme, ces corps à moitié adulte, secoués entre l’éducation familiale et l’éducation nationale. Ils remettent en question la norme, le cadre. La forme, ils la « déforment »... Ils font et « défont »... Qu’est-il arrivé à Freddy ? Pourquoi est-il comme ça ?

Note de mise scène

Cette pièce est écrite sous la forme d’un duo musical (Chaf et Rémi), ponctué par de brefs solos du troisième instrument (Freddy). Les deux partitions sont dans le même espace et pourtant isolées. Ce n’est pas un rapport frontal, mais plutôt deux présences qui s’affrontent sans contact physique... De cerveau à cerveau...
L’humour et la vivacité du texte tiennent dans son rythme, son phrasé court et cet aller-retour entre une langue qui pourrait être propre à des adolescents et la pensée de l’auteur qui pose une distance entre l’identification possible et le « surréalisme de situation » de ces deux protagonistes.
Ce format (35 minutes dans une salle de classe) interroge de fait la représentation théâtrale, la véracité et le concret de l’espace-temps, le choix narratif. Mais aussi l’adresse publique comme témoin et juge. Ainsi que le jeu dans le jeu, puisqu’il s’agit ici de faire jouer des adolescents par des acteurs de 35 ans.
Le pari est de créer un lien direct avec la salle de classe. De ne pas s’appuyer sur un quatrième mur. Donner à voir les transformations, accessoires, élaborations dramaturgiques... Donner à voir la fabrication théâtrale tout en plongeant sans mesure dans le concret et le premier degré des situations. Il est important aussi de par quelques sources lumineuses, nappes sonores et éléments scénographiques de pouvoir quitter l’espace salle de classe. De la salle de classe à la scène en classe... Apporter un univers singulier. Surprendre la métamorphose là où on ne l’attend pas.
Deux tabourets à roulettes, un bout de moquette, un ordinateur portable, un caméscope, une guitare électrique, une table à accessoires, un bocal plastique dans lequel pourrait être enfermé Freddy... un reste de grille, portail rouillé devant la silhouette de l’absent... Nous sommes dans le monde de ces trois personnages. Tantôt dans une chambre, tantôt sur un banc en milieu urbain, face à des devantures de magasins. Dans la cour de l’école ou encore aux pays de leurs fantasmes, de leurs délires et bien entendu dans cette salle où nous nous trouvons parmi les collégiens spectateurs.
Nous voulons tendre un miroir, peindre une sensation du passage de l’enfance à l’âge adulte, du cadre à son dépassement, de la folie comme échappatoire à l’amour comme soif de liberté. De la pensée imposée à la pensée par soi-même, de la camaraderie à l’amitié... De la violence de l’incompréhension au rejet de la différence. Une pièce qui parle de la fureur d’amour.

L'auteur

Sarah Fourage écrit pour le théâtre depuis 1993.
Formée en tant que comédienne à l’Ensatt à Lyon, elle y rencontre Marie-Sophie Ferdane, qui met en scène quatre de ses pièces, dont On est mieux ici qu’en bas, écrite en résidence à la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon, et créée en 2005 au Théâtre des Célestins de Lyon. Une seconde résidence en 2009 permettra de donner une suite à ce travail, en deux volets – À une cloison près et Cham.
Sarah Fourage répond aussi à différentes commandes, souvent thématiques. C’est dans ce cadre que sont créés plusieurs de ses textes courts, pour Hélice Théâtre (Christelle Mélen), le groupe des Vingt de Rhône Alpes, la Fédération (Philippe Delaigue), Machine Théâtre. 
En 2010, en effet, elle a écrit pour l’équipe de Machine Théâtre la pièce Les Candidats et revient en 2011 avec Perdu pas loin, proposé dans le cadre de « Collèges en tournée ».